Aguardente

« Aguardente » est un travail initié en résidence à Récife au Brésil. Ces trois bas reliefs de Embauba, Ipomoea et Açai (espèces de plantes pionnières poussant après la culture de la canne à sucre) en sucre rapadura sont des recherches sous la forme d’un inventaire ; un peu à l’image des scientifiques qui autrefois documentaient, dessinaient et classaient toutes espèces qui leurs étaient inconnues. Ces images des planches d’herboristes m’intéressent, car elles ont l’ambition d’être analytiques et décoratives à la fois. De «sages » images. Elles se revendiquent objectives et de vérité bien que pourtant, la représentation de ce végétal isolé dans un rectangle semble bien éloignée du contexte auquel ces plantes appartiennent où tout se mélange et se confond.

« Aguardente » est un des nombreux termes au Brésil qui désigne la cachaca et signifie littéralement « Eau qui brûle ». La finalité est assez simple et radicale ; les reliefs en sucre n’ont au contact de la cachaça qu’une seule destinée possible : une brûlure à l’alcool comme un insecte qui grignote un feuillage. Un peu à l’image d’une histoire et d’un passé toujours ardent ou le sucre a toujours ce goût amer de la violence de la domination. Un monde où l’embrasement, le feu, « l’eau qui brûle » est à la fois destructeur et créateur.

© Céleste Richard-Zimmermann | 2025