« L’histoire de la représentation, qu’elle soit politique ou religieuse, regorge du recours aux scènes historiées monumentales pour célébrer les puissants ou diffuser les récits fondateurs auprès des peuples. « Martyre decorum » reprend à son compte l’esthétique des parements en bas relief qui, depuis l’Antiquité et jusqu’à l’époque contemporaine, ont glorifié les batailles (des puissants) et les luttes (des opprimés). L’artiste opère cependant une bascule, évoquant les violences des forces de l’ordre dans une scène qui vire à l’émeute.
Elle joue par ailleurs sur le double sens du terme « martyre », l’inscrivant autant dans le lexique du supplice que de celui de la production artistique.
L’emploi du polystyrène souligne, quant à lui, la fragilité du contrat social et des formes de pouvoir. C’est également un matériau issu de la pétrochimie dont l’usage détonne à l’époque des préoccupations écologiques. Il agit là d’une sorte de redondance cathartique : exposer des faits condamnables au travers d’un support tout aussi réprouvé. » – Extrait de texte – Hélène Dantic – 2025