From dogs to gods

« Céleste Richard Zimmermann présente une série de cinq céramiques figurant des têtes de chiens tenant dans leur gueule des rats, chacune est accompagnée d’une plaque en granit commémorant l’exploit de la capture du rat par le chien. Le meilleur ami de l’homme – le chien bien sûr – et son ennemi ancestral – le rat – sont unis et pétris dans une même matière : la céramique émaillée.

La genèse de ces étranges portraits/trophées est relatée par une vidéo décrivant une des scènes hebdomadaires de chasse aux rats organisées à New-York par un club de propriétaires de chiens « ratiers » (les R.A.T.S selon le nom qu’ils se donnent).

Le spectateur se pose la question de savoir qui est le plus cruel, l’homme ou son fidèle compagnon qui passe aussi pour son meilleur ami.
On doute aussi de l’intelligence et de l’adaptabilité que nous nous attribuons quand on voit dans la vidéo les tactiques déployées par les rats pour échapper à la capture et à la mort. L’homme (présenté ici sous son pire aspect) veut régner sur le monde et pour ce faire divise, selon le précepte classique.

Il se met dans la position de Dieu pour tracer la frontière entre le Bien (le chien) et le Mal (représenté par le rat).
La fin de l’histoire est claire : le Bien a triomphé, le Mal est broyé dans la gueule du chien. C’est un travail à la fois superbe et glaçant de Céleste Richard Zimmer- mann qui prolonge ses épopées plastiques sur le cochon, animal lui aussi devenu matière à incidents de frontière dans notre civilisation. »

Texte de François Fixot à l’occasion de l’exposition collective : « Le coeur des collectionneurs ne cesse jamais de battre » – 2018

© Céleste Richard-Zimmermann | 2025